
Connaitre précisément les besoins est le préalable à tout plan d'action local en matière de lutte contre l'illectronisme. Pour éclairer leur stratégie, la communauté d'agglomération de La Rochelle et la ville de La Rochelle se sont appuyées sur un "indice de fragilité numérique". La particularité de l’opération est d'avoir été conçue en Occitanie, d'être en accès libre, et de faire l’objet d’une démarche nationale en lien avec des territoires testeurs (encadré).
« Cet indice vise à mesurer la probabilité qu’une partie significative de la population du territoire soit en situation d’exclusion numérique », explique le chef de projets numériques à la communauté d’agglomération de la Rochelle, Jérôme Valais. Il s'agit surtout de montrer la complexité de la fracture numérique. Car associer mécaniquement exclusion numérique avec l’âge ou les revenus, par exemple, ne suffit pas : on peut en effet être jeune et spécialiste des réseaux sociaux tout en étant incapable d’effectuer une démarche administrative, ou encore disposer d’un bon niveau de ressources mais ne pas maîtriser l’outil informatique… La méthode vise à croiser des données pour appréhender les nuances. Une approche sociologique qui ne se résume pas au déploiement et à la couverture des infrastructures numériques.
Croisement de données en open data autour de quatre axes
Concrètement, quatre "axes" ont été retenus : la capacité d’accéder à l’information, le niveau d’équipement, la maîtrise de l’outil, la compétence administrative. Chacun est assorti de « variables », telle que l’éloignement d’un point d’information, le niveau de diplôme, l’âge, le handicap…
Les calculs sont effectués à partir de données nationales et locales en open data : données sociales INSEE (taux de pauvreté, de familles monoparentales, pourcentage de chômeurs, de personnes âgées…), couverture réseau ARCEP (couverture mobile, fibre…), enquête annuelle sur les usages du CREDOC… Les croisements sont ensuite réalisés via un classeur Excel avec une méthodologie s’appuyant sur des études sociologiques et des outils statistiques. Le classeur intègre des formules et des pondérations – parfois complexes – traduction des échanges des spécialistes ayant conçu cet indicateur.
Mettre en valeur le besoin local de médiation sous forme cartographique
L'intérêt du tableur est aussi de pouvoir être exporté sous forme de cartographie. Il s'agit de rendre le résultat plus accessible et compréhensible, notamment par des élus. Un pack prêt à l'emploi dont le chef de projet se dit très satisfait. La collectivité peut en effet très facilement l'adapter à son contexte local en ajoutant ou supprimant des variables : l’adaptation de cette matrice Excel et l'intégration des données du territoire n'a pas pris plus d'une semaine, sous réserve de bien connaitre Excel, observe le chargé de projet.
Le principal résultat de ces cartes est de mettre en valeur le besoin local de médiation numérique. Ces cartes peuvent être par la suite croisées avec l’offre en médiation numérique : « le plus important dans la lutte contre l’exclusion numérique, est de mettre en réseau les différents acteurs sur un territoire. Avec ces données et ces cartes, on a un vecteur de dialogue » explique le chef de projet.
Davantage de données en open data ?
Reste que l’outil est à compléter d’entretiens qualitatifs de terrain. « On pourrait par exemple penser qu’au niveau d’un quartier étudiant, la population n’a pas de souci avec le numérique. C’est oublier entre autres, les étudiants étrangers plus ou moins à l'aise avec la complexité administrative française », souligne le technicien. Quant aux données statistiques, elles peuvent être améliorées. La ville regrette ainsi que peu d'institutions, en dehors de l'Insee, fournissent des données au format open data et à l'échelle de l'Iris (cellule de 2.000 habitants), qui permettraient d’intégrer d’éventuelles autres variables.
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